Le rouge, couleur de la Chine, est partout présent à Beijing. Il est beau et puissant, ça égaye les façades des bâtiments gris communiste.. Vermillon, écarlate ou pourpre, rouges sont les porte-bonheurs, rouges les murailles de la Cité Interdite, rouges les portes des hutongs, rouge le sang des étudiants sur la place Tian'an Men...

Le dernier, mélo je vous l'accorde mais pas si loin dans le temps (1989), me permet d'introduire l'omniprésence du gouvernement chinois.. Je ne pensais pas qu'en tant que touristes nous pouvions détecter ce 'malaise'.

L'accès à internet est autorisé mais strictement contrôlé et censuré : ainsi Facebook n'est pas du tout accessible, le contenu de Google ou Yahoo et autres moteurs de recherche sont censurés, la plupart des blogs étrangers et bien d'autres sites non accessibles (pour en savoir plus). Nattulga est interdit en Chine.. Avec cet article, au moins, ils auront une raison de le censurer ;=)

Pour accéder au wifi gratuit à l'aéroport, il faut enregistrer son passeport ; pour dormir sur la grande muraille, il faut demander l'autorisation au sacro-saint gouvernement ; pour qu'une compagnie étrangère installée en Chine puisse s'adresser à des clients chinois, il faut une autorisation spéciale supplémentaire du gouvernement ; toujours active est la lutte pour la préservation des hutongs, vieux quartiers pékinois mis à mal par les grands projets de rénovation de la ville... Pour la visite de la grande Muraille, un des sites les plus éloignés et donc sauvage, Simatay, est fermé en ce moment. A l'hôtel et sur l'internet censuré, il est dit que c'est en raison de chutes mortelles trop fréquentes sur cette portion en ruine, et que le site est donc fermé pour aménagement.. Mais, "on" nous a dit que le site a été fermé par le gouvernement car les locaux ne voulaient pas déménager pour laisser place à un complexe hôtelier et thermal. Le tourisme offrait à ces locaux un revenu supplémentaire appréciable, le gouvernement a donc fermé le site par représailles.

Bref.. même en tant que touriste présente pendant seulement une dizaine de jours, j'ai vivement ressenti un certain 'malaise' de la population à ce sujet (et je ne suis pas sujette à la parano). Avec l'ouverture du pays au monde (notamment avec les J.O.), je ne sais quand ça va clacher mais forcément il y aura un 'baoum' un de ces jours, même si le dernier 'baoum' s'est transformé en bain de sang, ou alors tout doucement le gouvernement lâchera du leste .. Bon, en tout cas, j'espère que Face-de-Bouc est prêt pour le jour où les millions d'internautes chinois auront reçu l'autorisation de s'ouvrir un compte ;=)

Sinon, autre impression de Beijing (Pékin) : il fait chaud, très chaud. Je ne m'attendais pas à cela car j'avais en tête des images de la muraille ou de la place Tiananmen sous la neige en hiver... Et de se retrouver en été avec un climat tropical identique à Hong-Kong ou Singapour, ça m'a fait bizarre... En plus, la ville ne ressemble pas à une ville sous les Tropiques : les bâtiments font plus penser à Moscou qu'à Miami, zéro palmiers ou autres végétations tropicales.. A propos de météo, autre anecdote d'un "on", s'il fait plus de 40°C, les entreprises doivent donner congé à leurs employés. Résultat des courses, le thermomètre de la météo officielle ne dépasse jamais les 40°..

Très très grosse déception : la cuisine pékinoise.. Moi qui me pourléchait les babines à l'avance et qui serait capable de rester la journée entière au resto à Hong-Kong, j'étais presque contente une fois sur place à Pékin lorsque Tsooj souhaitait manger européen. Gras, très gras, sans aucune finesse, j'avais l'impression que chaque plat trempait dans du glutamate.. Nos traiteurs chinois en pire.. Et puis, perso, les larves et brochettes de scorpions ou blattes, très peu pour moi, merci... A ce sujet, Tsooj m'a indiqué que le homard et l'araignée de mer qu'on lui a fait goûté en France étaient aussi ragoutants à son avis que les sauterelles sautées.. Par contre, il adore dévorer les yeux d'un boeuf, à la mongole... Comme quoi, à chaque peuple ses habitudes culinaires...

En parlant de Tsooj : les tribulations d'un mongol en Chine... Il faut savoir que les mongols n'aiment pas les chinois, c'est historique et viral (au point où les chinois habitant à UB n'osent pas sortir le soir..). Visiblement, ils n'ont pas avalé la brutale occupation en 1691 lorsque la Mongolie tomba sous la domination Mandchoue, dynastie des Qing ou sinon plus courte celle de 1919.. Il a donc fallu beaucoup de patience à Tsooj lorsque les chinois ne voulaient pas comprendre pourquoi il ne parlait pas leur langue : Tsooj a le faciès d'un chinois comme beaucoup de mongols, et même lorsqu'on leur disait qu'il était "Mongwa" (mongol), ils ne comprenaient toujours pas pourquoi il ne parlait pas chinois : soit ils pensaient à la Mongolie Intérieure, région autonome de la République Populaire de Chine, soit ils n'ont pas révisé leur histoire et croient toujours que la Mongolie Extérieure est sous domination chinoise. Nombre de fois, j'ai donc entendu Tsooj hurler "I am not chinese !"..

Mis à part ça, Beijing étant une grande ville polluée et en plus avec une chaleur à crever, elle n'a pas du tout charmé Tsooj. Les hutongs, vieux quartiers pékinois, n'ont eu pour seul effet : "ça pue la pisse et la bouffe chinoise". Toutefois, la Cité Interdite, le parc olympique et les parcs où nénuphars, petits temples, diabolos chanteurs, joueurs de go et musiciens brillent, ont eu leur approbation. Que ce soient les parcs de Ritan, Jingshan ou Beihai, on y retrouvait enfin toute la poésie et le calme de la zénitude chinoise.

Et Naraa dans tout ça ? Et bien madame faisait la starlette : une véritable émeute... En France, les gens s'arrêtaient souvent pour nous dire combien elle était belle. Tsooj s'est ainsi fait agressé par les mille questions de trois petites vieilles au château de Chantilly.. En Mongolie, on nous dit qu'elle est vraiment très moche : il ne faut effectivement jamais complimenter un enfant avec des mots trop positifs ; alors pour exprimer son ravissement, on utilise des mots négatifs. Dans les magasins ou les restos, les femmes demandent souvent si elles peuvent prendre Naraa dans les bras. Et là, on est certain de ne pas la revoir avant que la personne n'ai fini de faire le tour de ses collègues avec la bambine. Mais en Chine, c'était tout simplement une émeute : et que je te fasse tout un stratagème pas du tout discret pour tenter de l'apercevoir dans la poussette, et que je te touche la main de la gamine, et que je te la prends dans les bras souvent sans demander et que je te la montre à tous les passants... Bref, allez savoir pourquoi.. Naraa ressemble tellement à un bébé chinois, que peut-être ils s'étonnent de voir une mère européenne. Quand Tsooj est tout seul avec Naraa, ils s'étonnent peut-être des grands yeux de Naraa, fruits du mélange eurasien... Quoi qu'il en soit, la p'tiote n'a succombé ni aux centaines de pinces qu'elle a serré, ni aux 35° de chaleur humide, ni à la pollution, ni à la nuit sur la Grande Muraille...

Parlant de la Grande Muraille, voici une œuvre qui nous a vraiment épatée. A chaque tournant, je me disais que ça allait s'arrêter, mais non ça continuait toujours et encore.. Et il y en avait pour 6700 km estiment certains historiens.. "Un peuple qui peut construire un mur comme celui-ci a certainement un glorieux passé dont il peut être fier.." dixit R.Nixon. Ce à quoi B.Baabar historien mongol répond : "Le peuple qui a obligé à la construction d'un tel mur a certainement un passé au moins aussi glorieux dont il peut être fier.."

Nous avons passé la nuit sur la muraille à Jinshanling (sous tente), mais point de coucher ou de lever de soleil, la grisaille d'été a tout embrouillé..

Naraa, en bonne mongole a fièrement escaladé la muraille pour aller nous y faire un gros sourire...

Photos ici.

A très bientôt pour de nouvelles aventures..

Naraa est née le 1er mai 2010. Son prénom mongol, Narantuya, signifie rayon de soleil. Issue de deux cultures très différentes, elle est née à Paris, mais à l'aube de ses deux mois de vie, elle part rejoindre les vertes steppes de Mongolie avec sa maman française Nathalie et son papa mongol Tsooj.
Randonnée en Mongolie, voyage en Chine... C'est à travers ce blog que nous tâcherons de vous rapporter les évènements majeurs de cette aventure

Rouge Pékin...

Partager cet article