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Nattulga en Mongolie
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19 avril 2015

Esprit es-tu là ? - Le chamanisme en Mongolie

Aie, Aie, Aie, que de temps passé sans nouvelles ! Alors un peu de culture pour se remettre en train !

Les esprits mongols sont sans doute extrêmement désappointés de cette trop longue inactivité sur ce blog, cela mérite alors réparation en leur consacrant cet article que je voulais écrire depuis longtemps.

Mais tout d'abord, je voudrais vous présenter l'auteur qui m'a littéralement plongé dans l'univers du chamanisme mongol : Corine Sombrun. C'est en Mongolie à deux pas de chez nous, qu'elle va apprendre avec stupéfaction qu'elle a des aptitudes au chamanisme, et se prêter à une longue initiation pour devenir maître dans l'art. Elle va nous livrer, non sans humour, ses péripéties d'apprentie élève dans son livre "Mon initiation chez les chamanes". Son excellente bibliographie ne s'arrête pas là, car la suite "Les tribulations d'une chamane à Paris" et "Les esprits de la steppe" sont tout aussi savoureux.

J'avais dévoré ces trois livres, à la lueur de la bougie au chaud près du poêle de ma yourte. C'est avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision que Corine nous livre ses expériences dans le monde mystérieux du chamanisme, même les plus personnelles... Et nous sommes très loin de la gentille illuminée en quête d'une énième expérience spirituelle. Les pieds sur terre, elle laisse une grande place au scepticisme et surtout à la science.
C'est cet état d'esprit critique qui m'a permis d'entrevoir, dans le chamanisme mongol, quelquechose de plus troublant qu'un simple beau folklore. Mon mari Tsooj, pourtant issu d'un ancêtre chamanisant et d'une ethnie aussi réputée que les Tsaatans pour leurs talents de chamane (il est darkhad), n'y prête pas grande attention et croit plutôt que la plupart des chamans sont des charlatans, même s'il admet en connaître des "vrais" et très bons dans la région de Renchinlhumbe non loin de chez nous.

Pour introduction, et avant de passer à la longue lecture du reste de l'article, je vous laisse écouter cette très intéressante conférence présentée par Corine :

TEDxParisSalon 2012 - Corine Sombrun - La transe chamanique, capacité du cerveau ?

 

A quoi sert le chamane ?

Si vous avez été de bons élèves et avez bien écouté ce que dit Corine dans cette vidéo (ou pour ceux qui n'arriverait pas à visionner la vidéo), on comprend alors que "le chamane fait le lien entre le monde des humains et le monde des esprits. Les esprits étant des entités responsables du maintien de l'harmonie dans le monde. Lorsqu'on fait quelquechose qui désharmonise ce monde, les esprits vous envoient des alarmes sous forme de problèmes. Or, quand vous avez beaucoup de problèmes, vous savez que vous avez énervé un esprit, mais vous ne savez pas pourquoi vous l'avez énervé. C'est là que le chamane intervient. Il va entrer en transe grâce au son du tambour et aller interroger ce monde des esprits pour connaître la cause de leur colère", et le moyen de l'apaiser.

Mais qui sont ces esprits ?

Ils sont en fait l'âme ou la force vitale de tous les êtres vivants, des éléments naturels et des défunts. Ainsi, chaque rivière, caillou, arbre, montagne, la terre, les défunts, les plantes, et les animaux en tout genre représentent un esprit.
Les respecter permet de vivre en harmonie, et un manque de respect risque de vous pourrir la vie ; ainsi par exemple couper un arbre ou creuser la terre ne doit être fait qu'en cas d'extrême nécessité et doit être accompagné d'une "prière" afin d'apaiser les esprits meurtris.

YggdrasilAinsi les Tsaatans (ethnie mongole du nord, éleveurs de rennes) n'utilisent que du bois mort pour le foyer, et versent de la poudre d'encens dans les trous laissés par les montants de l'urtz, leur tipi : "la terre est vivante, creuser son sol entaille sa peau, souiller les rivières salit son sang, couper des racines sectionne ses veines. Toutes ces blessures doivent être réparées, sous peine d'énerver les esprits. O Terre Mère, veuillez nous pardonner de vous avoir blessée. Je vais réparer cette offense en vous offrant de l'encens, et en rebouchant chacun des trous que nous avons faits dans votre peau..."

Le cosmos du chaman mongol est constitué d'un ciel éternel bleu au-dessus de la Terre-Mère, en une structure verticale. Le Père des cieux domine 99 royaumes dont 55 à l'ouest et 44 à l'est. La totalité forme un arbre cosmique dont les branches s'étendent à tous les niveaux. Il y a des trous entre chaque niveau, qui permettent au chamane de passer d'un niveau à l'autre.

A noter que cette notion d'arbre cosmique apparait chez de nombreux peuples, tels les Perses, les Scandinaves, les Slaves et les Germains. Les rituels chamaniques observés d'ailleurs en Sibérie et en Scandinavie sont assez proches de ceux exercés en Mongolie.

Dans les livres de Corine, il est indiqué que ces 99 cieux animés par l'esprit du Ciel (Burkhan tenger) se répartissent en 3 mondes :
- le monde du ciel (Burkhan tenger)
- le monde des rivières et des montagnes, animés par l'esprit des rivières les lus savdag,
- le monde de la terre, animés par les khangai delkhii, les esprits de la terre.

Comment il fait le chamane ?khomus_altai

Afin de parler aux esprits, le chamane doit entrer en transe. En Mongolie, il provoque la transe uniquement grâce au son du tambour. Les esprits sont appelés avec la guimbarde (en photo ci contre).

DSC04585bis Une fois que l'esprit arrive, cela devient comme une conversation à deux. C'est là que le chamane pourra poser ses questions. L'esprit arrive souvent sous la forme d'animaux comme le loup, l'ours, l'oiseau.. Il va dire au chamane que la personne née telle année va avoir tel problème.. Le chamane répète alors tout en détail aux gens qui assistent à la cérémonie. Il se peut que l'esprit soit sévère et veuille se venger, alors le chamane va l'inviter à venir s'asseoir et à manger les offrandes apportées. Alors l'esprit se calme, mange les offrandes et finit par donner au chamane le rituel à suivre pour que les personnes assistant à la cérémonie obtiennent les réparations qu'elles sont venues chercher. Après la cérémonie, les personnes seront invités à finir les restes de l'esprit, nourriture et boissons alors chargées d'énergie.

Outre le tambour, le chamane a d'autres accessoires comme la guimbarde et des petites poupées en lanières de tissu tous deux supports symboliques à travers lesquels se manifestent les esprits ; il a également le miroir ou encore 41 petits cailloux pour prédire l'avenir.

Le costume du chamane et son tambour ont été minutieusement confectionnés lors de l'initiation du chamane. Le tambour de Corine par exemple fait 80 cm de diamètre sur 20 d'épaisseur. Il est en peau de biche de 3 ans, l'armature est en bois de mélèze d'une partie de l'arbre bien spécifique et connue seulement de l'artisan habilité à fabriquer les tambours chamaniques. Des grelots de métal sont disposés à l'intérieur dans lesquels les esprits manifesteront leur présence. Le battoir qui sert à frapper le tambour est en forme de poisson, en bois de mélèze et recouvert d'une peau de chèvre sauvage d'un côté. le centre est évidé et traversé par une barre de métal sur laquelle coulissent 9 anneaux de métal représentant les esprits de l'océan.
Un tambour chamanique est considéré comme trésor national, et ne peut quitter le sol mongol. Corine a dû obtenir une autorisation exceptionnelle pour avoir le droit d'emmener le sien à l'étranger. Détruire ou abîmer le tambour d'un chamane est un acte extrêmement grave, qui a hélas été maintes fois répétés lors des purges soviétiques.

Le costume est tout aussi compliqué à confectionner : Le chapeau, SANY0262avec des plumes de coqs de bruyères, a des franges qui tombent devant les yeux du chamane, pour ne pas qu'il soit effrayé par certains esprits méchants qu'il peut rencontrer dans ses transes. Les neuf couleurs dans lesquelles le costume est taillé symbolisent les teintes des saisons (marron, bleu, bleu foncé, gris, vert, jaune orangé, bordeaux, violet, blanc). Ensuite, 99 bandes de 3 cm de large dans chacune de ces 9 couleurs seront cousues sur le costume. Ces bandes représentent les 99 cieux du monde chamanique, i.e tous les éléments de la nature : le vent, la pluie, la neige, l'hiver, le ciel, la terre, l'été... Par la suite, d'autres bandes de tissus torsadés seront également cousus sur le costume représentant tous les esprits contactés pendant les transes.

Qu'est ce qui se passe pendant la transe ?

Les chamanes mongols utilisent le son du tambour pour rentrer en transe. La transe est un état psycho-physiologique particulier, un "état second", un état modifié de conscience càd différent de l'état de conscience ordinaire.
Comme l'indique Corine dans sa vidéo, les effets perçus de la transe sont la perte de la notion d'espace et de temps, la diminution de la perception de la douleur, l'accroissement des forces physiques, et les visions. A travers ces visions, Corine arrive à percevoir des "endroits" dysharmonieux. Lorsqu'elle en perçoit, elle se met à émettre des sons, langages et chants inconnus qui, lui semblent-elle, vont pouvoir ré-équilibrer ces "espaces", et ainsi réparer les problèmes.
Le tracé de son électroencéphalogramme (EEG) pendant une transe porte les caractéristiques à la fois de trois pathologies graves différentes (dépression grave, schyzophrénie, troubles maniaques)... Donc effectivement, il se passe bien quelque chose de bizarre au cerveau pendant ces transes.

Et pour les spectateurs, c'est un véritable show ! La première fois qu'elle entend le son du tambour, Corine se met à trembler, à faire des mouvements de plus en plus violents et se met à hurler comme un loup. Elle renifle, souffle, crache...
Une transe peut être si violente qu'un chamane est obligatoirement accompagné d'un assistant, son tushig. L'assistant est là pour tenir le chamane pour ne pas qu'il tombe ou se brûle sur le poêle.

On a compris que la transe permet au cerveau humain de percevoir le monde différemment, mais il y a des choses qui me troublent encore. Premièrement, c'est que chaque chamane semble avoir son propre "animal-totem", ainsi Corine se transforme en loup, sa chamane formatrice en corbeau, un autre en hibou.. Chacun de ces animaux est certainement porteur de caractéristiques spécifiques, mais pourquoi un animal ? Pour Enkhetuya, la chamane formatrice de Corine, qui vit sous un tipi à élever des rennes au beau milieu de nul part, on pourrait comprendre que les animaux, partie intégrante de sa vie, puisse l'aider. Mais Corine ? Et un loup en plus ? Vous avez déjà vu un loup à Paris ? Un pigeon, d'accord.. Mais un loup, c'est troublant...
Autre détail troublant et qui a également interpellé Corine, c'est qu'il semblerait qu'elles perçoivent les esprits de la même façon que les chamanes mongols. Ainsi elle voit un vieux monsieur au sommet d'une montagne, ce qui est bien la façon dont les autres chamanes mongols se représentent l'esprit de la montagne. Alors qu'elle ne partage absolument pas les mêmes traditions, la même culture, le même environnement que les mongols, elle perçoit pourtant le monde dans ses transes de la même manière que les mongols chamanisant... Les mondes chamaniques existent-ils vraiment ?

Et ça marche au moins tout ça ?

Et bien, pour connaître la réponse, je vous conseille de lire les livres de Corine. Les résultats sont assez troublants, il faut bien le dire...

En Mongolie, il est courant d'aller consulter son chamane que ce soit pour réparation, ou même pour divination. Même dans les immeubles de la capitale Oulan Bator, il n'est pas rare d'entendre le son du tambour. Et je connais plusieurs mongols d'un niveau social et financier élevé, très occidentaux, qui n'hésitent pas à aller se farcir 700 km pour aller écouter les recommandations de leur chaman préféré.

J'ai eu la chance d'assister à une cérémonie avec Enkhetuya justement, la "prof" de Corine. Mais hélas, j'ai été un peu déçue... Je m'attendais à ce que le son du tambour m'assourdisse et que ses vibrations me chatouillent le corps. Je n'espérais pas me transformer en loup comme Corine, ni même en limace, mais au moins que ça me fasse un petit quelque chose d'émouvant. Et bien non, le son me parvenait étrangement très sourd, très éloigné, comme si jétais à des kilomètres et non à quelques centimètres du tambour.
Et puis, je trouvais que l'ensemble faisait un peu charlatan à la fin. En effet, après la cérémonie, seul son assistant parlait pour dire ce qui s'était passé ; Ce que je trouve assez étrange puisque ce n'est pas lui qui effectue le voyage mais bel et bien le chamane ; comment pouvait-il savoir ce que les esprits avaient dit au chamane ? L'assistant d'un chamane est la personne qui est chargée (en gros) de la sécurité du chamane, faire en sorte qu'il ne se blesse pas durant la transe...
Et enfin, la transe d'Enkhetuya n'avait rien d'extraordinaire, comparée aux transes de Corine décrites dans ses livres. Elle est restée assise durant toute la transe, en bougeant la tête et parfois le corps de gauche à droite mais sans grands mouvements brusques... Le corbeau d'Enkhetuya serait-il moins farouche que le loup de Corine ? :=)
Tsooj, quant à lui, ne m'a pas permis de comprendre grand chose (il ne comprenait lui-même pas grand chose). La seule chose importante pour lui à retenir de cette soirée, c'est que la différence d'âge entre Enkhetuya et son nouveau mari (également son assistant) est franchement bizarre. "Mais comment il fait avec une femme aussi vieille ?". Quel rabat joie celui là ! :=)

Le seul moment émouvant était lorsqu'une des clientes d'Enkhetuya s'est mise à fondre en larmes dés les premiers coups de tambour. Cette jeune dame, pourtant également chamane, était venue consulter Enkhetuya car ne voulant plus faire de cérémonies et ayant donc arrêté, les esprits étaient en colère. J'avais l'impression que ses larmes lui enlevait un grand poids sur son âme, comme si enfin elle allait pouvoir se reposer.
La soirée fût tout de même exceptionnelle : dans la nuit, au milieu de nulle part, dans un tipi bondé de mongols et parfumé à l'encens, avec une chamane en costume et tambour qui dit plein de trucs bizarres et qui fouettent certains de ses clients...Je me suis tout de même sentie privilégiée d'y assister.

Comment on devient chamane ?

Déjà, ne devient pas chamane qui le veut. Pour cela, il faut avoir été choisi par les esprits. Généralement, les personnes ne sont même pas au courant de leurs "pouvoirs". Il leur arrive pas mal de gros problèmes, ou des crises d'épilepsie, quelque chose de ce genre. Alors, ils consultent un chamane pour savoir la cause de leur problème et c'est là qu'on leur apprend qu'ils doivent suivre une initiation chamanique.

Les femmes comme les hommes peuvent être chamanes, et c'est souvent une question de descendance, donc héréditaire.

Les années soviétiques et le tourisme... la fin des traditions ?

Les croyances ne font pas bon ménage avec l'idéologie communiste. Et durant ces années soviétiques en Mongolie, les chamanes ont été persécutés avec autant d'ardeurs que les moines bouddhistes. Obligés d'exercer dans le plus grand secret ou d'arrêter de chamaniser par peur des dénonciations, les chamanes ont eu du mal à garder leurs traditions intactes toutes ces années.

Depuis que la Mongolie est sortie du soviétisme dans les années 90, le chamanisme n'a cessé d'être de nouveau sur le devant de la scène. Et depuis quelques années, on assiste même à la télé mongole à des télé-réalités où un chamane doit retrouver grâce à ses pouvoirs un objet dans une maison en ruine ou une voiture dans les rues de la capitale... On en est à la vulgarisation du chamanisme en somme.

Après ces 70 années soviétiques où chamaniser était synonyme de peine de mort, les traditions ont donc bien évidemment été mises à mal. Mais, lorsque les rites ont été de nouveau acceptés à l'ouverture du pays, l'arrivée du tourisme n'a hélas rien arrangé. L'argent est tellement plus facile à gagner avec les touristes, même si finalement cela oblige à bousculer certaines traditions...
Enkhetuya en a fait les frais, comme le raconte Corine dans son livre "Les esprits de la steppe". On y découvre à travers la vie d'Enkhetuya les effets du soviétisme, puis du tourisme. Heureusement que toutes ces traditions et modes de vie sont couchées sur le papier, on espère ainsi qu'elles ne seront pas oubliées.

"Enkhetuya ne comprenait plus rien à sa vie. Elle avait pourtant tout fait pour satisfaire les rêves des siens. Télés, paraboles, motos, yourtes, mais rien ne semblait les combler. Ses enfants étaient devenus paresseux, son mari alcoolique. (...) Je ne regrette rien, a t-elle dit en fixant la surface du lac, rose pâle. Mais elle devait reprendre le contrôle de sa vie. (..) Dans un soupir, elle a lancé son Ahyayayaya, en faisant pivoter sa tête de froite à gauche. Tout avait changé si vite."

Pour aller plus loin :

- De l'ombre à la lumière, de l'individu à la nation: Renouveau du Chamanisme en Mongolie postcommuniste. Thèse publiée de Laetitia Merli.

- Reindeer people: Living with Animals and Spirits in Siberia. Piers Vitebsky.

- Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase. Mircea Eliade. 2e édition 1968. Le livre peut être téléchargé gratuitement sur le net.

- La chasse à l'âme. Esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien. Roberte Hamayon. 1990. Trouvé aussi gratuitement sur le net.

- Tour d'horizon des trois livres de Corine sur le chamanisme en Mongolie. Elle a écrit d'autres ouvrages, je vous conseille de la suivre sur son site www.corinesombrun.com

couv02Après la découverte de l'Amazonie, racontée dans Journal d'une apprentie chamane, Corine Sombrun part pour la Mongolie, guidée par un rêve étrange. Là, elle apprend avec stupéfaction qu'elle possède des aptitudes au chamanisme. Dans ce nouvel ouvrage, elle témoigne de l'extraordinaire initiation, inédite pour une Occidentale, dont elle a bénéficié. Adoptée par la famille d'Enkhetuya, la chamane chargée de lui enseigner son art, elle doit d'abord s'acclimater à la rude vie de la tribu Tsaatane avant de parvenir à communiquer avec les esprits. Elle découvre alors l'élevage des rennes, la vie sous le tipi, le froid, la promiscuité, et surtout l'humanité chaleureuse d'une vie sans artifice. Pendant deux ans, elle va suivre son propre chemin initiatique, à la rencontre d'une culture, d'elle-même, et par-delà les limites de la perception, de l'être aimé et disparu, dont le deuil traverse ce récit fascinant. Mon initiation chez les chamanes.

tribulationsparis

 Dans les tribulations d'une chamane à Paris, elle va devoir s'adapter à la réalité citadine occidentale pour continuer ses activités chamaniques à Paris. Sa rencontre avec une ethnopsychiatre, très au fait des dernières découvertes en neurobiologie, va l'amener à saisir la fragile frontière entre logique et crédulité, raison et superstition, et à mieux comprendre ses propres facultés. Ce qui n'empêche cependant pas l'inattendu de surgir...

 

 

 

LesespritsdelasteppeCorine Sombrun évoque ici la vie d’Enkhetuya, la chamane qui l’a formée durant plus de dix ans aux rituels des peuples de la steppe. A la fois document ethnologique et récit biographique, ce livre retrace  une histoire du chamanisme des années 1950 à 2010, avec les résultats du premier protocole de recherche sur la transe chamanique mongole étudiée par les neurosciences dont Corine Sombrun est à l’origine.

Appartenant au peuple des Tsataans du nord de la Mongolie, Enkhetuya est née en 1957 dans la taïga de la région d’Ulaan Uul où ses parents élevaient des rennes, tout en pratiquant leurs rituels en secret (la République populaire mongole, sur le modèle soviétique, interdisant toute pratique arriérée et contraire à l’homme nouveau). Une enfance dure, primitive, autarcique, où elle rêve d’être institutrice. Mais sa mère, d’une lignée de chamanes, découvre vite ses dons. Formée par un grand maître, Enkhetuya devient une chamane puissante aux cérémonies très demandées pour soigner toute maladie ou supprimer les sorts. Quand Corine Sombrun la rejoint, elle vit encore avec sa famille dans un monde protégé de la modernité, où le respect de la nature et des rituels est omniprésent, où la dure vie d’éleveur de rennes est tributaire du climat, des prédateurs et des quotas de production imposés par l’Etat. Les années 2000, l’afflux des touristes, la voiture, la télé et le téléphone vont bouleverser l’équilibre de leur écosystème. Et ce que 70 ans de communisme n’avaient pas réussi à éradiquer, 10 ans d’économie de marché l’accomplit, aucun Tsataan n’échappe plus au dieu argent et à l’ère du marché planétaire.

 

 

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Commentaires
D
Nath, merci pour ces explications. Elles soulèvent beaucoup de questions qui seraient intéressantes à développer. Tes prochains articles ? Ta réflexion sur le fait de « couper un arbre ou creuser la terre ne doit être fait qu'en cas d'extrême nécessité » me fait penser qu’en Chine (antique) cultiver un champ était considéré comme une agression à l’égard de la nature car c’est une action volontaire contraire à la Nature qui est idéal et donc ne demande aucune action. <br /> <br /> Autre réflexion : le monde des rivières et des montagnes, animés par l'esprit des rivières les lus savdag. Cela me fait penser, aussi en Chine, au « Shanshui » qui est la représentation des Montagnes et rivières (yang et yin) qui sont les forces primordiales de la Nature. Ils sont les thèmes fondamentaux de la peinture chinoise. (ne pas confondre avec Feng shui qui est l’étude du vent et de l’eau, flux invisibles et flux visibles).<br /> <br /> Enfin, que dire de ces 9 anneaux métalliques au centre du tambour qui représente l’esprit des océans ? <br /> <br /> J’ai un peu de mal à comprendre le terme océan en Mongolie. Faut-il prendre ce terme autrement que dans le sens premier que nous lui donnons ? En revanche, le neuf à une signification symbolique dans les populations turco-mongols : Division du ciel en neuf couches qui correspond aussi aux neufs Etoiles adorées par les Mongols.<br /> <br /> Fait-moi penser à te prêter le livre de Yolaine Escande sur le Shanshui dans la peinture chinoise (consultable à la maison seulement :-o) et celui de René Granet sur la civilisation chinoise.<br /> <br /> jj
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